Orlane, Guillaume et Mélanie
Ces trois Français sont en stage dans la petite communauté de Chino, un village dans la forêt Amazonienne. Ils travaillent à développer le tourisme écologique vers cette communauté.
« Je pense que les émotions les plus marquantes sont à chaque fois que je prends l’avion. Quand je sais que je vais aller quelque part. j’adore aller à l’étranger, j’adore me sentir indépendante. Aller dans un autre pays, parler une autre langue. Je pense que c’est vraiment lié au voyage. A chaque fois que je prends l’avion je suis hyper heureuse. Je peux prendre l’avion pour aller à Bruxelles, tu vois, endroit pas super sexy, je suis contente quand même. J’adore. »
« Je sais pas si t’as déjà lu l’Alchimiste. De Paulo Coelho. C’est un jeune berger qui se met en quête de chercher un trésor. Et il se rend compte que ce trésor, par le biais de ces voyages se trouve chez lui, à ses pieds mais qu’il était aveugle pour se rendre compte. Je pense que c’est ça aussi. C’est ça que j’aime pour les voyages aussi. C’est que à son retour, se rendre compte du trésor qu’on a. J’ai l’impression que c’est le seul moyen de le dépoussiérer, de le faire briller de nouveau. C’est de voir en fait la chance qu’on a. Et c’est ça, il y a de choses comme ça qui me manquent déjà. Des personnes que j’ai hâte de te retrouver. Et en apparence c’était pas de l’or, si tu veux, quand je les ai quitté. Mais par le biais de ce voyage, je me rends compte qu’il y a des personnes à qui je tiens, énormément. Et c’est ça justement que j’aime dans les voyages aussi. C’est pouvoir mieux considérer les choses qu’on a. Les personnes qui nous attendent au pays »
« Le plus ddifficile c’est quand je dois quitter. Quand tu vis vraiment dans un autre pays, et que tu dois le quitter moi c’est un déchirement. C’est vraiment une partie de moi qui reste là-bas. Je pleure, je pleure, je pleure. […] T’as vécu trois mois, cinq mois, six mois à l’étranger. Tu t’es construit une nouvelle vie. Finalement c’est pas que t’as une nouvelle identité mais t’es une nouvelle personne. Et du jour au lendemain tu casses tout, tu sais très bien que les années que tu viens de te faire tu les verras plus jamais dans le même contexte. T’habiteras plus jamais au même endroit. Et c’est vrai que c’est vraiment le seul problème quand je voyage énormément. J’ai dit à ma mère quand je suis revenu d’Hong Kong : « Maman je peux pas faire ça toute ma vie ». C’est trop. Mais d’un côté si c’est dur c’est que t’as vécu de super moments du coup ça vaut la peine que pendant plusieurs jours tu sois triste comme ça »
« Là par exemple, ils ont pas l’électricité H24. En France on a tellement de divertissement -la télévision, internet, le cinéma, les sorties, les boîtes de nuit- qu’on perd goût à la vie, à vraiment ce que c’est la vie. Je pense que quand même je suis venu ici pour apprendre à vivre. Pour voir la chance que l’on a pour être né dans un pays qui manque de rien, mais on a pas conscience de ce privilège. On vit dans un égoîsme. Et je suis égoîste en France, mais je pense comme tout le monde finalement. Et je pense que c’est le même problème, on se rend pas compte de la chance qu’on a. Et c’est pour me découvrir aussi que je suis venu. Je pense que c’est surtout ça, apprendre c’est quoi la vie, la vraie. Et pas les strass paillettes, où on s’y complait en fait à un moment, mais où on se rend compte que c’est que du faux. Que c’est… superficiel.
Je pense aussi que c’est pour voir ce que mon père, ce qu’il a vécu aussi finalement. Mon père est né au Portugal et il me parlait de son enfance. Genre pas d’électricité, t’as les pieds nus à l’école et compagnie. J’ai toujours essayé de comprendre mais tu peux pas être empathique, comprendre la personne sans vivre ça. Là je suis pas pied nu, j’ai les chaussures et compagnie, mais j’essaye de me rapprocher le plus possible. »
« Moi c’est l’échange culturel vraiment. Voir comment les gens vivent ; voir qu’ils peuvent vivre de peu et au final être vraiment bien, être heureux. C’est vraiment une autre alternative à ce que nous on connait. Je pense que dans le monde occidental on a vraiment une pensée : on pense qu’il y a un processus. On fait nos études, on a un boulot et on vit de ça jusqu’à être en retraite et en mourir, vraiment. Et je pense qu’il y a vraiment d’autre découvertes. Les gens ici vivent pas pour le travail. Ils travaillent pas. Ils travaillent pour leur nécessité, ils travaillent parce qu’ils ont besoin de manger. Du coup ils vont chasser, ils vont pêcher. Ils vont chercher du bois pas parce que ça leur rapporte d l’argent mais parce qu’ils doivent construire leur maison. C’est vraiment un monde alternatif vraiment. Un autre mode de fonctionnement qui je pense, dans quelques années, fera plus écho à ce que l’on va vivre nous. Parce que je pense que le capitalisme, l’économie telle qu’on la vit aujorud’hui, il ya des choses qui plaisent et qui plaisent moins. On voit de plus en plus de petits villages autosuffisants qui se créent où les gens recherchent plus l’économie comme nous on la conçoit aujourd’hui, que avec l’argent, mais une économie plus sociale, c’est-à-dire qui reviendrait à la base des échanges sociaux. Et je pense que c’est ça que j’aimerais apporter et montrer qu’il y a des alternatives au monde auquel on vit. »
« Après je peux pas remettre en question le capitalisme, et les entreprises et tout du monde. Il y en a des très bien. Mais c’est juste que, j’aime pas ça. Je trouve que c’est assez artificiel et moi je veux faire quelque chose de concret et vraiment pas pour le profit, mais pour les autres aussi. »
« Attends, attends. Ça fait 15 jours que je suis là. J’ai une vingtaine de boutons sur le corps. Tu ne peux pas vaincre les moustiques. »
« Mon taf c’est de chercher des personnes qui ont des dettes sur internet pour après faire en sorte qu’elles remboursent leurs dettes. […] Le plus souvent ils n’ont plus d’adresse ni numéro de téléphone. Moi j’étais le type qui check ton activité sur internet pour te retrouver. Tu peux, c’est des données publiques. Facebook, Badoo, LinkedIn, Viadeo, Pinterest, -tout ce que tu veux- Instagram et tout. Après Le mec je localise la ville où il est. Supposons t’as une carte électorale. Le plus souvent soit t’es inscrit chez tes parents, dans la vile où tes parents habitent, pour voter. Soit dans la ville où t’es. Donc je check, admettons que tu mettes que t’es sur Paris. Je regarde admettons les photos de ton Facebook, j’essaye de choper l’arrondissement. J’appelle la mairie de l’arrondissement, j’envoie un fax pour voir si t’es inscrit sur la liste électorale là. Si oui, ben génial j’ai ton adresse. Sinon ben je bouge du côté de ta famille, pour voir avec ton nom parce que j’ai ton nom, prénom, date de naissance et un mail de l’époque. Le plus souvent les mails il y a des infos dedans. Il y a pas de méthode type en gros, mais tu peux quand même facilement trouver la personne. Le plus souvent, les personnes se rendent pas compte de tout ce qu’elles mettent sur internet. C’est en partie à cause d’elles du coup. Elles me mâchent le travail pour les retrouver. »
« Et en fait là-bas, on a attendu deux heures, trois heures, quatre heures et la police ne faisait absolument rien. Y’avait du reggaeton à fond dans tout le commissariat, et le fil d’actualité Facebook allumé. En gros les gens étaient là juste pour chiller. Un truc drôle, un moment donné je vais pour aller aux toilettes. Il faisait noir, tu vois c’était des cellules partout. J’avance, et en fait il y avait un mec -tu vois comme dans les films- qui était adossé, appuyé avec les mains entre les barreaux. Le gars était juste posé dans sa prison et en le voyant j’ai crié. LE gars était mort de rire. Je vais aux toilettes, cucarachas partout et tout. ‘Fin le commissariat péruvien.
Et là quatre heures après j’vais voir la police j’leur dis « mais qu’est-ce qu’il se passe, qu’est-ce qu’on fait ? » tu vois. Et la police me fait « mais façon t’avais vraiment envie de porter plainte ? ». Je lui dis « mais si je suis là c’est pas pour regarder tes beaux yeux, ça fait quatre heures qu’j’attends steuplé fait un truc. » et le gars me demande de l’argent en fait. Il me demande 120 soles pour porter la plainte. Pour une copie. Il a écrit sur un bout de papier qui faisait cette taille-là. Il a écrit mon nom-prénom, ce que le gars avait fait, ensuite il a fait signé mettre une enveloppe. Mais franchement c’aurait pu être un morceau de PQ c’aurait été la même chose. Et donc je lui demande avant de signer, j’lui dis que je veux la copie de ce document-là. Et c’est là, ils sont repartis pendant une heure et il me dit « si tu veux la copie de ce document là ce sera 120 soles sinon tu portes pas plainte. » Dans tous les cas j’avais pas de thune on m’avait volé ma carte bleue donc voilà. Mais ‘fin voilà quoi. Police péruvienne. » (2/3)
« Sinon il m’est arrivé un truc de dingue il y a trois semaines. Je me suis fait agressée par deux motos taxis ici à Iquitos. On était à 3. On était déjà dans notre moto taxi. On roulait, et là on se rend compte qu’il ralentit, il ralentit. Et là deux mecs qui surgissent à droite et à gauche pour nous voler nos affaires. Un verre, deux verres de bière, j’étais… Un peu plus d’adrénaline que d’habitude. En vrai ce qui m’est arrivé c’est un film. […] Je commençais à donner des coups de pied au mec. Déjà je me prenais pour une ninja, je sais pas d’où ça venait, adrénaline je sais pas je te jure. Je commence à donner des coups de pieds aux mecs à droite, à gauche. Le taxi qui était là qui faisait rien. Je pense qu’il était complice honnêtement, mais voilà. Ensuite le mec il repart, qui a eu le temsps de découper le sac de ma pote, et l’autre qui a volé le portable de l’autre pote, et un autre moto taxi qui était devant qui se casse avec l’un des voleurs. L’autre commence à courir, moi je dis au mec, « mais suis-le, suis-le ». On le suit, on le suit. Et dans la perpendiculaire, le gars s’était fait attrappé par un groupe de gens, il y a avait 5 motos taxis arrêtés qui était là juste pour regarder les gens qui étaient là en train de le tabasser. Je saute du moto taxi qui était encore en route. C’est là que je me fais ma seule blessure. Je m’érafle le bras par terre et tout. Je cours, je m’interpose dans la bagarre. Et je dis : « Mais le frappez pas, le frappez pas !» Le gars saignait parce que on le frappait avec un casque de moto. Franchement, affreux. Les gens ils me disaient mais « putain mais tu comprends pas, c’est lui qui t’a volé ». En gros, il le mérite quoi. Et moi j’étais là « Non mais je m’en fou ! C’est pas comme ça qu’on fait parlé quelqu’un. Non, non ! On attend la police, on attend la police ! » La police arrive cinq minutes après, et ils nous emmènent tous au commissariat. (1/3)
« Et le plus beau moment de ce moment-là c’est quand le gars qui s’est fait tapé dessus, il le laissait à un moment donné dans la grande salle et je suis allé lui parler. J’suis allée lui parler je me suis assise à côté de lui et j’fais juste « t’as volé un téléphone, est-ce que ça en valait la peine ». Il était là, au début il me regardait pas dans les yeux. Il savait que c’était moi qui l’avait un peu protégée tu vois. Il me regardait pas dans les yeux, et après... En fait on a parlé, et il m’a raconté qu’en fait il avait une fille. Enfin voilà, on a parlé, et en gros on a fini en train de pleurer tous les deux en fait. Genre le voleur et moi on était là en train de pleurer. Je fais « Mais tu te rends compte, je viens au Pérou pour aider le gens dans les communautés, et je me fais voler dans ce même pays ? Ma mère est en train d’investir pour que je puisse venir, mes parents travaillent pour que moi je sois là et toi tu me voles. » J’fais « Imagine… » et tout. Et j’ai terminé ma matinée en train de pleurer avec le voleur, tu vois dans le commissariat. » (3/3)
« Moi c’était par rapport à l’ouverture d’esprit. Et je pense que c’est primordial pour comprendre les gens autour de toi. Et je pense que ça pourrait régler pas mal de problème. Juste l’ouverture d’esprit, essayer de se mettre à la place des autres, essayer de comprendre pourquoi ils agissent comme ça. Ouverture d’esprit mais pas seulement juste pour ce qui est nouveau.
Je suis allée faire un basket à Iquitos avec des gens et du coup y’avait un groupe, un groupe de mecs, et je parle avec l’un d’entre eux, et il manquait des gens, « et pourquoi vous jouez avec si peu de gens. – Ah non mais là mon pote est à l’église » mais en fait sur le coup, vraiment, pourtant je suis ouvert d’esprit- sur le coup je pensais qu’il rigolait, je sais pas pourquoi. Je fais comme ça, genre « Hm. Non mais vraiment qu’est-ce qu’il fait ? -Non mais il est à l’église ». Et normalement je suis absolument pas lourde, je comprends rapidement tu vois. « Non mais vas-y c’est bon il est l’église c’est vrai on était dimanche. Non mais qu’est-ce qu’il fait ? » C’est là qu’il faut de l’ouverture d’esprit sur ce qui est nouveau parce qu’il y a des tendances, etc. et on se montre très ouvert. Les tatouages, les piercings, les véganes, etc. C’est pas que de l’ouverture d’esprit sur ce qui est nouveau, mais sur ce qui est ancien aussi. Et la religion. La religion. Parce que peut être que nous, Occident en France on est loin de tout ça. Mais même par rapport aux musulmans, etc. Il y a une ouverture d’esprit qu’il faut absolument qu’on garde et pour tout. Pour ce qui est ancien, pour ce qui est nouveau également. Je trouve que ca règlerait pas mal de conflits. Voilà. »